« Salut, moi c’est Théo, tu es moldu ? » Ash se retourna vers le bouclé qui venait de parler avant de le jauger des pieds à la tête avec un regard désobligeant. « Tu le sauras bien assez tôt Black. » L’intéressé n’eut pas le temps de lui demander comment il connaissait son nom de famille que déjà il était partit vers une bande de Serpentard que Théo ne connaissait que trop bien. Ils n’étaient pas super potes. Ils ne l’avaient jamais étés. Les deux bandes étaient très populaires à Poudlard, mais pour deux raisons totalement différentes. Théo et sa bande étaient populaires parce qu’ils étaient beaux, avaient de l’argent, des parents respectables et des notes faisant parties du haut panel de l’école. Dans cette bande se trouvaient par exemple Satine Malefoy et son frère. Mais l’autre, la bande des Serpentard avec qui ce garçon aux cheveux noir était en train de taper la discute, eux ils étaient connus pour leurs fêtes mémorables dans l’enceinte même du château. Ils étaient connus pour leur blagues et farces aux professeurs toutes plus stupides et dangereuses les unes que les autres. Ils étaient populaires parce qu’ils étaient des imbéciles qui pensaient qu’empoisonner la nourriture de l’école avec de la potion de vieillissement était quelque chose de « drôle ». En continuant de les observer, Théo pensa que si ce garçon, aussi beau soit-il, était du genre à trainer avec de la racaille comme Willow Horendale, alors il ne valait pas la peine qu’il s’intéresse à lui.

« Lâche-moi Willow… » Le bouclé regardait autour de lui essayant de trouver quelqu’un pour l’aider. « Ouais, lâche le Will. » Les deux intéressés se retournèrent vers la voix qui venait du bout du couloir. Ash Tonks était là, appuyé sur le rebord de la porte menant à un placard à balai, un sourire sadique aux lèvres. En le voyant, le sourire de Willow s’élargit, et le cœur du bouclé loupa un battement. Pourquoi avait-il particulièrement peur tout d’un coup ? Le plus jeune des trois lâcha sa prise et partit en direction inverse à Ash, laissant Théo seul, au milieu de couloir, entre une sortie claire et Ash. Sans trop écouter sa raison, ses pieds s’avancèrent pourtant vers le jeune homme qui parut étonné d’abord, puis ravi. « Pourquoi tu pars pas ? Tu pourrais. » Black baissa les yeux et les releva vers le jeune homme qui se tenait devant lui. « Si tu es vraiment un Tonks, pourquoi tu n’es pas à Serpentard ? Et pourquoi tu n’es jamais venu à Poudlard ? T’es un cracmol ? » Le garçon en face de lui serra ses mâchoires d’un seul coup et paru se battre intérieurement pour empêcher quelque chose de sortir. Il détourna le regard de Théo quelques secondes avant de se reconcentrer totalement sur lui, de l’attraper rapidement par sa robe de sorcier neuve et de le plaquer au mur du placard à balai, en prenant bien soin de refermer la porte sur eux. « Ne me parle plus jamais de mon passé ou de ce que je suis ou ne suis pas compris ? Tu ne connais rien de moi, et je n’ai rien envie que tu saches de moi. Alors maintenant, tu me laisses tranquille, tu vas rejoindre tes petits potes bien sages et tu dégages de ma vie. » Il ajouta beaucoup moins fort, espérant surement que l’autre ne l’entendrait pas « Tu y as déjà pris trop de place. »

Après cet entretien dans ce placard, Ash était reparti en laissant un Théo déstabilisé sans aucun autre mot. Et ils ne s’étaient pas reparlés depuis. Ils ne s’étaient pas vus. A part ce jour ci. Le bouclé était à la table des Serpentard, cherchant certaines personnes du regard. Il avait d’abord croisé le regard gentil et doux de sa fiancée. Puis, il l’avait cherché lui. Pas son regard puisqu’il avait compris qu’il l’évitait, mais il avait juste ce besoin constant de le voir, sans réellement comprendre pourquoi. D’ailleurs, ça l’énervait. Et il ne le trouvait pas. Ce qui, finalement, l’énervait encore plus. Il s’était levé, sous les yeux ébahis de la plupart des élèves de la grande salle, mais aussi des professeurs. Il était sorti et s’était dirigé vers le parc. Comme si un fil invisible l’y conduisait. Et il l’avait vu, au bord du lac. Cet Husky majestueux, magnifique, les poils d’un blanc et d’un noir qui contrastaient l’un sur l’autre. Et il était resté là, ne pouvant s’empêcher d’observer la grâce des formes de cet animal qui avait l’air si calme, si reposé, et si malheureux en même temps. Alors il s’était approché de lui, et il avait marché sur une brindille. Le chien avait relevé la tête vers lui, et avait plongé ses yeux dans les siens. Ses yeux d’un bleu qu’il connaissait. Lorsque, quelques instants plus tard, le chien devant lui était devenu humain, il n’avait été qu’à moitié étonné par l’identité de la personne. Et pour le plus grand bonheur, ou malheur du bouclé, ç’avait été lui qui avait pris la parole « Écoute moi bien Black. Ici, à part Willow, personne n’est au courant. Alors je te conseille de garder ça pour toi compris ? » Le jeune homme avait simplement hoché la tête. Il était heureux. Ash aurait pu rester sous sa forme de Husky ce jour là, mais il s’était retransformé, comme pour lui dire que c’était lui. Comme pour lui avouer son secret. Lorsque Ash était passé à côté de lui, il lui avait chuchoté à l’oreille « On donne une fête vendredi soir. J’aimerais que tu viennes, ça serait marrant. »

Depuis trois heures qu’il était à cette fête. Il ne savait toujours pas pourquoi il était venu. Mais surement parce qu’il était le mec le plus stupide sur terre. Il avait déjà bu bien plus qu’il ne pouvait supporter. Et il commençait à avoir mal au ventre. Et à la tête. Et surtout au cœur. Depuis deux heures que Willow et Ash étaient en train de s’embrasser à pleine bouche devant les autres. Et ça n’avait pourtant l’air de déranger personne. A croire que tout le monde trouvait ça normal. Oh bien sûr, ce n’était pas tant le fait que ce soit deux hommes mais plutôt qu’aucun des deux ne soit gay. A sa connaissance bien entendu. Il en avait marre. Il était venu pour rien. Qu’avait-il espéré en venant ici au juste ? D’ailleurs, après avoir reçu une humiliation personnelle Mercredi en faisant apparaître un patronus qui avait mystérieusement prit la forme d’un Husky alors qu’avant ce n’en était pas un, et que Willow ET Ash étaient dans la pièce à ce moment, il n’avait vraiment rien à faire ici. Il secoua la tête pour tenter de retrouver un tant soit peu ses idées et se dirigea vers la porte de la salle sur demande. Lorsqu’il eut une main sur la poignée, il sentit quelqu’un lui enlacer le ventre. Il bloqua sa respiration quelques secondes, reconnaissant le parfum émanant de la personne derrière lui, mais refusant d’y croire. Alors il ferma les yeux. Le reste se passa rapidement, un peu trop rapidement. Il se retrouva plaquer contre la porte, et il n’y avait plus aucun bruit dans la pièce, tous les regards se portant probablement sur ce qu’il se passait, tout le monde s’attendant probablement à la bagarre du siècle. Mais lorsque des lèvres douces et rugueuses à la fois se posèrent violemment sur les siennes, le bouclé n’eut que la réaction d’approfondir le baiser, et ce malgré les protestations de son esprit. Lorsqu’ils se séparèrent, ce fut de nouveau Ash qui parla le premier. « Je te hais pour ce que tu m’as fait. Je sais pas ce que c’est. Mais je peux juste pas… Je te hais. Je te hais. Je te hais. » Et de nouveau, reprenant le même procédé que dans le placard à balais, il reprit d’une voix plus basse que possible « Je te hais parce que tu m'obliges à t'aimer. » Après ces mots, c’était de nouveau Ash qui était parti. Mais vers Willow, qui l’attendait et qui, à peine le Gryffon arrivé à sa hauteur, s’était mis à lui dévorer les lèvres. Après cette vision, Théo était sorti de la salle, un mal à l’estomac qui refusait de s’en aller. Il alla s’enfermer dans les toilettes, fit apparaître son patronus et ce fut à ce moment que Satine apparut pour le réconforter.

« Je te jure que je ne l’ai dit à personne Ash. Je te le promets. » Le Ash en question fulminait de rage. Les moments où il se transformait en Husky était les seuls où il pouvait se retrouver réellement bien, réellement seul. Parce que lui, il aimait la solitude. Et voilà que Dumbledore lui interdisait de se transformer dans l’enceinte de Poudlard. Ce qui voulait dire que quelqu’un lui avait dit. Bien entendu, ce n’était pas Willow. Il n’aurait jamais fait ça. Et la seule autre personne au courant était ce petit prétentieux de merde. Il se demandait souvent pourquoi il lui avait montré que c’était lui. Il s’était senti presque obligé de le faire. Il respira lentement, essayant de se calmer mais rien n’y faisait. Ce petit con l’avait trahi, et maintenant, à cause de lui, le seul moment de solitude qu’il avait lui avait été enlevé. Et ce bâtard devait payer pour ça. Pour ça et pour tout le reste. Pour ce qu’il faisait depuis le début. Le coup partit tout seul. Un coup de la droite, bien placé sur la mâchoire. Théo ne réagit pas de suite, voulant éviter de laisser sa colère exploser. Parce que de la colère, il en avait contre le Gryffondor. Beaucoup d’amour oui, mais tellement de haine à côté. Il n’avait jamais parlé de son animagus à quiconque à part à Satine. Et il était sûr qu’elle n’irait pas en parler à Dumbledore. A moins que… Il ne sortit de ses pensées que lorsqu’il senti un coup de pied dans son tibia. L’image devant lui le déstabilisait. Ash pleurait. LE Ash Tonks pleurait. Peut-être que cette histoire d’Animagus était vraiment importante après tout. « MAIS PUTAIN, REPOND AUX COUPS MERDE ! T’ES LACHE OU QUOI ? T’ES QU’UN CONNARD ! » Et un nouveau coup de poing arriva dans sa mâchoire. L’enfoiré. Théo releva la tête vers Ash, le fixant dans les yeux, et pendant quelques secondes, ce dernier se surprit à avoir peur de l’image en face de lui. Il en avait peur, mais le désir qu’elle lui procurait était plus intense que ce qu’il n’avait jamais ressenti avant. Et le premier coup de Théo fut donné. Bien plus violent que ce qu’aurait pu imaginer le rouge et or qui chancela quelques secondes sous le choc. Et des deux côtés, les coups fusèrent. Ils faisaient mal. Mais ils soulageaient tellement. Parce qu’avec ses coups ils comprenaient qu’ils se haïssaient tous les deux. Mais qu’ils se haïssaient parce que ce qu’ils ressentaient l’un pour l’autre était bien trop fort pour qu’ils puissent le laisser sortir. Ils comprenaient, à travers ces dizaines et dizaines de coups, les approchant plus en plus de la mort, qu’ils s’aimaient bien trop pour leur propre santé. Et que leur relation serait à jamais telle quelle. Malsaine. Une relation malsaine entre l’amour et la haine.

« Mère! Camille m’a volé mon bracelet noir portant l’emblème de la famille ! » La jeune mère passa à côté de ses fils sans même les regarder une seule fois. « Tu vois, je te l’avais dit. Tu pourrais lui dire que je t’ai battu à mort qu’elle n’en aurait rien à faire. » Théophile tourna des yeux rougis par la colère et la peine vers son jumeau avant de se lever et de partir en courant. Ils avaient désormais 15 ans. Ils n’avaient jamais vraiment étés proches, ils avaient même toujours étés ennemis. Mais désormais ça irait mieux, Camille le savait. Pour la simple et bonne raison que son frère venait enfin de réaliser que non, il n’était pas le chouchou de la famille, et que non, sa mère ne ferait toujours pas tout ce qu’elle pourrait pour le protéger. « T’es dégouté avoue ! » Théo tenta de repousser son frère, mais ce dernier était trop fort. Il sortit sa baguette et la pointa sur son comparse « Waouw, doucement veux-tu ! » Levant les mains en signe de démission, un grand sourire sur le visage les contredisant, Camille se retourna et partit dans la direction inverse de celle de son frère.

« Pourquoi tu traînes avec eux Camille ? » Les mots de Théo avait été dit doucement, comme s’il avait peur de la réaction de son frère. « Ils ne pensent qu’à s’amuser, à faire la fête et à se moquer de tout le monde. Tu mérites mieux. Mieux que Willow. Et Ash. » Un rire jaune sortit des lèvres de Camille, ses yeux verts se fixant dans les identiques de son comparses. Il avait pleuré, ça se voyait. « Je croyais que tu la haïssais ! » S’en était trop pour le jeune homme. Il se leva, et en quelques secondes, les phalanges de ses doigts atterrirent sur les fossettes de son frère. « Écoute-moi bien Théophile Black ! Et retiens ce que je vais te dire ! Je ne détestais notre mère uniquement parce qu’elle ne faisait pas attention à nous. Maintenant je sais qu’elle ne le faisait pas volontairement. Notre père la battait espèce de débile ! Elle est morte sous nos yeux. Et toi, tu penses toujours que je la hais ? » Le bouclé fronça les sourcils et s’assit à côté de son frère. « T’as raison Cam… Je suis désolée. » Avec haine, l’autre se leva et le regarda dans les yeux « T’as perdu le droit d’être conciliant avec moi ET de m’appeler comme ça quand on avait huit ans Théo. C’est pas parce que notre génitrice est morte que ça va changer ! »

« Hey XX » « Salut Théo, ça va ? » Le bouclé baissa les yeux. « Ça fait trois mois qu’il est parti. » « Il est en tournée Théo. Il te manque tant que ça ? » Le bouclé leva les yeux vers son ami, prit un temps de réflexion et finit par répondre : « Oui. Oui il me manque tant que ça. Je le hais, j’ai envie de le voir bruler sur un bucher pour refuser de parler à notre père, ce que je trouve débile mais… Oui. Il me manque. Comme une partie de moi en fait. » Remarquant ce qu’il venait de dire, le jumeau se prit la tête dans sa main. Jamais il ne se l’avouerait, mais son jumeau, il l’aimait. Et de nombreuses façons différentes.